3 mois et trois jours une aventure qui s'est terminée d'une autre façon, comme la mer l'a souhaité.
Je suis très heureux de pouvoir écrire ce message.
Cela me permettra d'expliquer à tous en une seule fois ce qui nous est arrivé.
Une drépression nous est annoncée, nous sommes à 2 jours de l'arrivée à Cap Town après un mois de traversée. Trois depuis Toulon, magnifique.
Nous nous préparons en rangeant le pont, le carré arrière, l'intérieur, nous mettons gilet et ceinture de sécurité...
Le vendredi 3 janvier au soir, la houle se renforce, le ciel s'essombrit et le vent monte à 35 noeuds. Rien de très grave.
Mais le samedi, nous avons des pointes à 58 noeuds de vents, une houle s'approchant des 10 mètres. Plusieurs fois le bateau IDEFIX II se fait frapper par des vagues.
Nous sommes à la fuite, grande voile ferlée, et seulement un metre carré de génois afin de pouvoir controler la direction du bateau. Nous nous mettons dans le sens des vagues, en surf. Je ne souhaite pas ralentir notre dérive avec des objets dans l'eau accrochés à l'arrière d'IDEFIX, double tranchant; les vagues sont irrégulières et parfois croisées. çà pourrait être dangereux.
Dimanche, le vent souffle encore plus fort, des déferlantes s'écrase sur nous, nous avons réduit nos quart de jours de 4 à 3 heures car très éprouvant, nous sommes les deux mains sur la barre, aux aguets, écoutant chaque bruit, sensible à chaque mouvement de l'océan, anticipant si possible l'évolution des défferlantes. AU changement de quart, je passe les infos à Will et je vais me reposer dans ma cabine arière. Je suis tout courbaturé, quelques débuts de tendinites. Et soudain un vacarme et je me retrouve sur le plafond de ma cabine, avec de l'eau, des objets, plancher, matelat dans tous le sens. Je cris le nom de Will, aucune réponse. Le bateau se remet normalement et je me précipite sur le pont. Pas de Will, le mat toujours là et j'entends crier Will, trainant derrière le voilier toujours relier à la ligne de survie, heureusement car je n'aurai pas pu le récupérer dans cette mer, avec un moteur qui ne démarre plus, un hauban (étais de génois)cassé et une mer démontée.
Je le hisse, nous reprenons nos esprits et constatons les dégats. Plus d'une centaine d'eau dans le bateau, tout en vrac, imaginez des ustensiles de cuisine dans votre chambre, des affaires de bureau dans le nourriture, des portes arrachées de leurs gonds, des outils dans le frigo....
Nous essayons de rendre le voilier plus vivable. Nous sommes épuisés et il va falloir barrer et reprendre les quarts. Lundi nous verrons le moteur.
Lundi, une pause pour manger une soupe aux pates chinoises. Par sécurité, nous nous callons dans le carré.
Cela n'a pas suffit car d'un coup nous nous retrouvons avec un plus grand choc retrouné complétement dans un sens plus à l'endroit. Je sens des douleurs à la tête et tout mon côté gauche, tout est en désordre, je me sens partir et des cris suivis de giffles me font faire "surface", c'est Will qui me demande de rester avec lui....
Le mat est cassé en trois morceaux, une partie à l'eau retenue par les haubans et bouts, mettant IDEFIX parallèle aux vagues. PLus de 10 mètres et toujours des rafales de 50 noeuds.
Hier les deux déferlantes avaient arraché notre canots de sauvetage avec coffre, banquette, VHF, anémomètre.....
Aujourd'hui, une entrée d'eau, petite certes mais il faut vider régulièrement celle ci. Malgrè mes douleurs aux côtes et au dos, je dois aider Will à couper haubans et bouts pour être plus en sécurité.
J'appel Arthur par telephone sat afin de prévenir le cross réunion qui doit prévenir les sécours d'Afrique du Sud.
Un cargo chinois avec équipage ukrainien et armateur francais, fait demi tour (il avait quitté le Brésil pour le Bangladesh) un jour de trajet et un jour et demi de recherche. Il leur resté 12 heures afin de nous trouver..... le reste sera écrit dans un livre.
Je tiens à remercier du fond du coeur tous les membres de cet équipage ukrainien de la ville d'Odessa, le capitaine KOTSAR Sergij des marins exemplaires qui nous ont sauvé le jour du nouvel an orthodoxe. mais aussi les cinq membres de bateau rescue d'Afrique du sud pour avoir pris le relais. Un grand merci à Eric adjoint au consul de France en afrique du sud qui nous attendait sur le ponton et qui nous a été d'une grande aide. merci encore à m'armateur francais. Et surtout à Arthur qui de son lit d'hopital à fait le nécessaire pour communiquer avec le cross et la famille. Merci la vie et la mer pour tout ce qu'elle nous a apportée. Je vis pleinement chaque seconde, chaque moment partagé avec autrui.
Merci à IDEFIXII pour tout ces moments, d'avoit été notre maison, notre lieu de vie, de confort, de protection... il a sombré à 258 milles de Cap Town au nord ouest.
Nous étions au mauvais moment au mauvais endroit. Nous ne pouvions éviter cette dépression.
Je vous embrasse Yannick